mercredi 8 avril 2015

BANC DES LATANIERS : UN CRIME ENVIRONNEMENTAL


les Lataniers (Imazpress)

Le site Imazpress nous informe que nos amis d’ATR-Réunion et Surfrider diffusent actuellement sur les réseaux sociaux, un petit film sous-marin tourné en février dernier au large de La Possession, sur le banc corallien des Latanier. On y voit très nettement la richesse du site mais aussi hélas, les premières dégradations qui  résultent du chantier de l’échangeur en construction ainsi que l’inefficacité des dispositifs censés l’en protéger.
Pourtant, dans un avis datant du 22 octobre 2009, l’Autorité Environnementale (Ministère de l’Ecologie) , rappelait la nécessité de sauvegarder ce site : « il est impératif que la préservation des milieux naturels fragiles et en particulier que le banc de corail (Banc des Lataniers) identifié dans la baie soit sauvegardé ». Toutes les instances environnementales (nationales et régionales) ont condamné le projet de la NRL dans sa forme actuelle et toutes ont appelé à préserver cette « formation écologique remarquable ».
La démonstration est faite aujourd’hui que quelles que soient les mesures de protection, ce banc corallien est menacé de destruction alors même que les travaux d’édification de la digue monumentale qui va relier la Grande Chaloupe à  La Possession (10 millions de tonnes de matériaux) n’ont pas encore commencé.
La destruction de ce site constituerait un crime contre l’environnement et contre le patrimoine naturel de La Réunion, une île qui compte  parmi les principaux « hotspots » de la biodiversité mondiale. 
Il est donc urgent de stopper les  travaux de l’échangeur de La Possession comme le demandent ATR et Surfrider afin d’éviter que la dégradation du banc corallien ne devienne irréversible.
Mais au-delà, c’est sur le principe même de cette route pharaonique et monstrueuse sur le plan écologique, que les Réunionnais devront se prononcer en décembre 2015.

lundi 16 mars 2015

LE PARTI DE GAUCHE DE LA RÉUNION ET LA QUESTION DES DÉCHETS


Le Parti de Gauche (PG) de La Réunion vient de s’aventurer sur le terrain de la gestion des déchets en publiant dans la presse une tribune dans laquelle il évoque le Collectif citoyen « Zéro déchet» dont il affirme partager la critique des incinérateurs métropolitains et des multinationales qui accaparent le marché des déchets. Mais il s’en démarque en jugeant « inatteignable » et même « démagogique » l’objectif zéro déchet. Le PG reprend le refrain usé des politiciens locaux qui depuis 20 ans portent la responsabilité de l’échec de la politique des déchets, à savoir qu’il y a « urgence », que « les décharges débordent », qu’il faut savoir être « réaliste », etc.,  bref, on le sent venir, le Parti de Gauche  conclut « que l’incinérateur n’est pas à bannir » et se justifie en rappelant que d’autres industries sont polluantes,  donc, le passage par la filière incinération lui semble quasi obligé.
Pour argumenter, le PG exhibe des chiffres datant de 2008 selon lesquels La Réunion produit 1337 tonnes/jour de déchets ménagers et assimilés (DMA) par jour. Soyons précis et  informons le PG que La Réunion produit 646 tonnes/jour d’ordures ménagères résiduelles (OMR, chiffres 2011), catégorie plus fiable que les DMA dont le tonnage est très variable d’une année à l’autre.  Le Réunionnais ne produit en réalité pas plus de déchets que le métropolitain. 

Structure d'un centre d'enfouissement des REFIOMS


Sur le fond, la position du PG apparaît peu cohérente : on ne peut pas d’un côté dénoncer les multinationales et de l’autre accepter la mise en place d’une filière d’incinération des déchets en évoquant qui plus est la gestion citoyenne du service public ! Sur les impacts négatifs de cette filière, le PG ne dit mot des questions de santé publique qu’il semble prêt à sacrifier sur l’autel du réalisme, rien sur les émissions de plomb, de mercure, de cadmium, rien sur la déresponsabilisation des usagers qui résulte de cette filière, rien sur les dizaines de milliers de tonnes de résidus hautement toxiques (de mâchefers et REFIOMS) produites annuellement par la combustion et dont certains, les REFIOMS, devront être traités avant de les enfouir en créant un centre d’enfouissement spécial, rien sur le fait que, l’incinérateur devant fonctionner 24 h/24,  nombre de déchets pourtant recyclables sont en fait incinérés, etc. 



Quant à l’objectif « zéro déchet » défendu par nos amis du Collectif éponyme, il n’a rien d’utopique, il est même soutenu par le Ministère de l’Ecologie. A la différence des traitements traditionnels (incinération, TMB, etc.), il s’inscrit dans une démarche citoyenne visant précisément à changer notre rapport aux déchets que notre mode de consommation produit. L’exemple de San Francisco et de nombreuses villes européennes qui s’engagent efficacement dans cette démarche, en montre tous les avantages, notamment en termes de créations d’emplois pérennes et en termes de coûts, beaucoup moins élevés  que l’incinération ou l’enfouissement. Mais pour cela, il faut le courage de repenser entièrement notre mode de gestion des déchets et le soustraire aux multinationales en y associant les citoyens  qui deviennent ainsi acteurs de leur développement. 
Alors, camarades du Parti de Gauche, à vous d’affiner votre analyse si vous voulez vraiment d’une « gestion désintéressée au service des citoyens » !