lundi 19 novembre 2012

AFFAIRE "LAV A MOIN +", LES LABORIEUSES ET DISCUTABLES EXPLICATIONS DU PROMOTEUR

On se souvient qu'ici même (), j'ai récemment évoqué de possibles infractions au code de l'urbanisme à Saint-Denis à propos d'un bail et d'un permis de construire précaire accordés par la mairie à un entrepreneur qui s'apprête à ouvrir  une station de lavage de véhicules baptisée "Lav a moin +". Le promoteur de cette opération vient de tenter de se justifier dans une interview donnée (ici)  au site d'information Imazpress qui,  le premier, avait évoqué cette affaire en juillet 2012. Yves Turgis, c'est le nom de ce promoteur ne s'embarrasse pas de nuances : selon lui, "tout a été fait dans les règles", sa station est "écologique", tout juste concède-t-il quelques erreurs pour justifier un permis de construire accordé après les travaux. Quant à la coïncidence que j'évoquais entre ce bail "amical" concédé par la mairie de Saint-Denis et le fait qu'il ait appelé en juin 2012 à voter pour la 3ème adjointe, candidate socialiste pour les législatives, c'est une "rumeur" !
Pas de chance pour M. Turgis, on peut encore le vérifier ici, il fait bien partie des vingt "personnalités"  ayant appelé à voter pour cette candidate, ce n'est pas une rumeur, c'est un fait. Le reste des propos de M. Turgis n'est qu'un tissu de réponses approximatives et de contrevérités. Le bail accordé par la mairie est bien illégal, l'adjoint qui l'a signé n'avait pas la délégation de signature,  le permis de construire précaire, au delà du fait qu'il est accordé après la construction de la station, contient bien de nombreuse irrégularités. Il s'agit bien d'une zone urbaine verte donc inconstructible sauf dérogations bien particulières. A quoi, il faut ajouter qu'il semble confirmé qu'une partie du terrain   se situe bien dans la zone des 50 pas géométriques. Bref, l'accord passé entre la mairie et M. Turgis est bien entaché de nombreuses irrégularités.

Le  raccordement électrique d'EDF

Une question évidemment se pose : pourquoi M. Turgis bénéficie-t-il d'une telle attention de la part de la municipalité d'autant plus que le bail aurait dû être résilié puisque le promoteur ne respecte pas les délais. A ce propos, dans son entretien avec la journaliste d'Imazpress,  il affirme  que le retard des travaux serait  dû à des problèmes d'alimentation électrique. C'est vrai que le raccordement au réseau EDF n'existait pas mais l'artisan a pourtant travaillé pendant des mois avec des groupes électrogènes, ça n'explique donc pas le retard actuel. D'après nos informations, le chantier aurait été arrêté par l'artisan lui-même suite à un différend avec le promoteur. Qu'en est-il exactement ? Quel est l'objet du différend ?



Ma station est "écologique" ose affirmer M. Turgis. Qu'il nous permette d'en douter. Sur le plan environnemental, il ne répond à aucune des questions que nous posions. A-t-il obtenu une autorisation de déversement des eaux industrielles ? Si, oui, de qui la tient-il ? Du Maire de Saint-Denis ? Quel dispositif sera utilisé pour traiter ces eaux fortement polluées? Y aura t il un séparateur d'hydrocarbures ? Quel dispositif est prévu pour l'évacuation des eaux après traitement sachant que la ligne d'évacuation des eaux usées qui passe sous la rue Léopold Rambaud est située au dessus du niveau  de la station, ce qui nécessiterait une station de pompage, inexistante à notre connaissance ? Toujours d'après nos informations, une chaudière est installée dans un local technique avec une cuve à mazout pour l'alimenter.  Les normes environnementales pour ce type d'installation ont-elles été respectées ? Y a t il  un véritable bac de rétention ou une simple fosse qui laisserait craindre alors un  risque de pollution du milieu naturel ?   La DEAL (Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) n'a t-elle pas son mot à dire ? A t elle été consultée?
En résumé, cette station de lavage, contrairement aux affirmations fantaisistes de M. Turgis n'a rien d'écologique,  elle se caractérise même selon nous par une totale désinvolture envers les contraintes environnementales.

Il  apparaît enfin que les trois entités, la station de lavage, le restaurant et le magasin de pièces détachées, sont suffisamment séparées pour autoriser trois sociétés différentes à les exploiter. Or, le bail accordé par la mairie s'il précise bien que le bénéficiaire ne pourra sous louer les lieux, spécifie néanmoins que "toutes sociétés exploitantes pourront se substituer à Sogis Invest". Bref, trois personnes ou trois "équipes" différentes pourraient exploiter, qui le restaurant, qui le magasin, qui la station.
Quels seraient alors  les heureux bénéficiaires de ces activités très bien situées ?
Voilà des questions auxquelles on s'en doute, M. Turgis n'est pas pressé de répondre. Mais nous aurons, nous, certainement l'occasion de reparler de "Lav a moin +", de son promoteur et de ses liens avec la mairie du chef lieu.


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mardi 13 novembre 2012

OPÉRATION DE COMMUNICATION SUR LA ROUTE DES TAMARINS

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Photo Imazpress
Le dimanche 18 novembre 2012, la Région Réunion renouvellera son opération « Routeouverte » sur la route des Tamarins. Vélos, rollers, marche à pied, la route sera ce jour-là  dédiée aux modes doux de déplacement et on peut être assuré que des animations « festives »  célébreront la politique de développement durable du Conseil Régional et rappelleront opportunément que Didier Robert a déclaré 2012, « année de l’écologie et de la biodiversité ». Cette collectivité va même jusqu’à présenter cet événement comme marquant « une volonté de générer un changement de comportement en matière de déplacement et de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dues aux transports ».
La réalité est hélas bien différente. En 2011, les ventes de  4 x 4 et de véhicules tout terrain ont augmenté de 53 % à LaRéunion (chiffres du Comité des Constructeurs Français d’Automobiles). La part du transport collectif (bus et taxi) qui représentait il y a encore vingt ans, près de 30 % des modes de déplacements, est aujourd’hui tombée à 6 %, les Réunionnais n’ont quasiment plus d’alternative à la voiture individuelle.
Et la Région porte actuellement la responsabilité du plus grand projet routier jamais entrepris à La Réunion,  une route pharaonique aux conséquences destructrices sur la biodiversité terrestre et marine. Cette fameuse nouvelle route du littoral dont le coût réel est d’environ 2,5 milliards d’euros pour  12 km, va notamment détruire le banc corallien des Lataniers en baie de La Possession, une « formation remarquable sur le plan écologique », dont l’Autorité Environnementale (Ministère de l’Écologie) rappelait dans un avis du 22 octobre 2009, qu’il devait être impérativement sauvegardé. Quant au Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) de La Réunion, instance constituée de vingt deux scientifiques locaux mais que la Région n’a  pas consultée, il met en garde contre les impacts environnementaux « irréversibles » qui résulteront des digues monumentales nécessaires à un tel projet  et contre  la perte de l’écosystème d’une « falaise unique au monde ». 

Des digues monumentales exigeant 18 millions de mètres cubes de matériaux de remblai

L’extraction des 18 millions de mètres cubes de matériaux de remblai nécessaires exigera 550 000 rotations de camions pendant les sept années du chantier, soit 215 rotations par jours qui ne contribueront certainement  pas  « à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ».  Il est enfin fort probable que les nuisances acoustiques provoquées par les travaux d’édification des piles du viaduc auront un impact majeur sur la faune marine au point que les baleines à bosses pourraient bien déserter les côtes de La Réunion. Si on ajoute que le littoral réunionnais est déjà le plus bétonné de l’outremer, on saisit parfaitement tout le cynisme de cette  opération de communication  du 18 novembre qui n’a d’autre but  que d’occulter la régression de l’écologie et les lourdes menaces qui pèsent désormais sur la biodiversité locale.

jeudi 1 novembre 2012

INFRACTIONS AU CODE DE L’URBANISME À SAINT-DENIS ?


L’étroite bande de terrain située, à l’est de la ville, entre la rue Léopold Rambaud et la N2 est bien connue des automobilistes dionysiens souvent coincés dans les embouteillages. Elle est classée au Plan Local d’Urbanisme de  Saint-Denis en zone UVl, c’est à dire en zone urbaine verte, donc inconstructible sauf dérogations bien particulières.


zone entre la N2 et la rue Léopold Rambaud (cliquer pour agrandir)

Or, au 85 de la rue Rambaud, depuis des mois, on a pu voir sortir de terre un ensemble de constructions assorties de panneaux indiquant qu’allait bientôt ouvrir une station de lavage de véhicules dénommée « LAV A MOINS +».  Chose étrange : ce chantier n’a  longtemps  arboré aucun panneau indiquant l’existence d’un permis de construire.


Le panneau de la station


Période de travaux sans affichage de permis de construire

 Il apparaît pourtant que la Mairie de Saint-Denis a bien signé dès le 18 octobre 2010, il y a deux ans, sans  appel à la  concurrence, un bail avec la société « EURL SOGIS INVEST » pour une « occupation précaire » de quatre parcelles du domaine  privé appartenant à la régie funéraire. Elles sont mises à la disposition de la dite société, non seulement pour une activité de lavage de véhicules mais aussi pour l’exploitation d’un restaurant et la « vente d’accessoires et produits divers ».
 
bail signé par un adjoint n'ayant pas la délégation

 Le bail est de dix ans  et spécifie que le preneur doit démarrer son activité dans un délai de cinq mois à dater de la signature. Un avenant, signé le 17 février 2011, reporte le délai pour le démarrage à cinq nouveaux mois mais dans les faits, un an et demi plus tard, aucune activité n’a encore commencé. Saisi par un citoyen obstiné - et bien informé - qui s’étonnait des irrégularités, l’adjoint délégué à l’urbanisme de la Mairie s’est empressé  de signer, après le quasi achèvement des travaux, un permis de construire précaire le 28 juin 2012. 
 
permis de construire précaire rétroactif

Une telle désinvolture à l’égard du code des  collectivités locales  et du  code  de l’urbanisme pose un certain nombre de questions. En effet, l’élu qui a signé le bail et son avenant n’avait aucune délégation de signature pour le faire, ce qui rend illégal ce document liant la commune et cet opérateur. Les quatre parcelles en question étant propriété de la régie funéraire, la Mairie avait-elle le droit de les louer à une entreprise privée pour exercer une activité commerciale, sans  aucun appel à  concurrence? Le bail lui-même est une monstruosité juridique puisque, s’agissant de terrains du domaine privé de la ville, il aurait dû prendre la forme d’un bail commercial, or le document dans son article 1 prétend au contraire déroger à la législation de droit commun. Pourquoi ? Pourquoi ce contrat permet-il, contrairement  à la réglementation  sur les  locations,  une  sous-location  à un exploitant  qui n’est pas désigné  dans le  bail ?  L’autorisation aurait dû au demeurant être résiliée (article 7 B) puisque la société n’a toujours pas respecté ses obligations contractuelles en terme de délais, pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ?

Deux ans après, la société n'a toujours aucune activité


La situation pourrait être même plus complexe puisque non seulement les parcelles sont situées dans une zone  bénéficiant  d’une protection forte  au  titre du SAR mais elles semblent être, qui plus  est,  à l’intérieur de la zone des 50 pas géométriques (81 m du rivage) ; elles relèveraient alors du Domaine Public Maritime (loi Littoral du 3 janvier 1986).
extrait du cadastre


Pourquoi le permis de construire est-il postérieur aux travaux ? Pourquoi passe-t-il sous silence un nombre impressionnant d’éléments : la régie funéraire comme véritable propriétaire des terrains, l’objet de l’autorisation, une durée de deux ans en contradiction avec le bail, etc. ? Une telle installation est-elle compatible avec le classement en zone urbaine verte située dans la zone des 50 pas géométriques ? Quid des équipements permettant de capter les boues et les polluants en vue d’un retraitement par des entreprises spécialisées ? Quid du dispositif autorisant le raccordement au réseau des eaux usées ? Il est clair que notre promoteur une fois installé sur cette zone stratégique pour le réaménagement du littoral dionysien, sera difficilement délogeable dans dix ans s’il fait fonctionner une station de lavage, un restaurant et un magasin.

plus de 3500 mètres carrés : station mais aussi restaurant et magasin

Enfin, un détail nous interpelle : cette autorisation litigieuse a été accordée à une société appartenant à un homme d’affaires ayant appelé publiquement en juin 2012 à voter aux législatives en faveur de la candidate socialiste à Saint-Denis. Certes, c’est son droit le plus absolu mais il s’agit quand même d’une bien étrange coïncidence. Saisi par un courrier que lui a adressé il y a cinq mois notre citoyen obstiné, le Maire de Saint-Denis n’a pas daigné répondre. Nous souhaitons donc que M. le Préfet, garant de l’état de droit et du respect de la réglementation, s’exprime sur cette affaire.

dimanche 23 septembre 2012

NERVOSITÉ ET OPACITÉ AUTOUR DE LA NOUVELLE ROUTE DU LITTORAL

Didier Robert  vient d’installer un « comité de suivi » de la Nouvelle Route du Littoral. La conférence de presse qu’il a donnée dans la foulée fut  l’occasion de vérifier que les partisans  du tout automobile semblent perdre leur sang froid  face aux obstacles qui s’accumulent devant ce projet insensé. Comme Michel Vergoz il y a quelques jours, le Président de Région qu’on a connu plus pondéré, vient de se livrer à des attaques strictement personnelles contre les opposants à cette  véritable « autoroute » sur la mer. Il est vrai que le 25 septembre 2012, sur une question de la sénatrice Aline Archimbaud, le nouveau gouvernement va devoir enfin dire s’il s’implique ou non dans ce projet  rétrograde, mal ficelé et coûteux, soutenu depuis deux ans par le gouvernement de M. Fillon. D’autre part, comme il est légitime en pareil cas, l’opposition régionale a formulé un  recours en annulation visant la totalité de la déclaration d’utilité publique (DUP) accordée en mars dernier par le Préfet.  Et il y  aura certainement d’autres recours puisque une nouvelle  enquête publique  pour l’implantation de la route sur le Domaine Public Maritime (DPM) sera nécessaire, suivie, elle aussi d’un arrêté de DUP. Bref, il y a de quoi rendre nerveux le Président de Région.  D’autant plus que celui-ci est parfaitement informé des faiblesses de son projet, notamment sur le plan financier et environnemental. Personne ne croit que la route restera dans l’enveloppe prévue de 1,6 milliards. Or, c’est ce point crucial des accords de Matignon qui a véritablement obligé la Région à choisir la variante la moins coûteuse mais la pire sur le plan écologique. L’impact environnemental des deux digues monumentales prévues étant le plus destructeur pour la biodiversité terrestre et marine, cette variante est la plus exposée à des recours juridiques.

Didier Robert a beau vanter son souci de la transparence et se gargariser de formules volontaristes, il sait que ce projet  suscite de plus en plus d’interrogations et de contestations comme en témoigne l’avis défavorable émis par le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN). Le CSRPN de La Réunion est une instance consultative constituée de 22 spécialistes reconnus pour leurs compétences scientifiques et nommés par arrêté préfectoral.  Habituellement consulté pour les questions relatives à la protection du patrimoine naturel, le Conseil Scientifique  a  été délibérément tenu  à l’écart du dossier de la Nouvelle Route du Littoral au point d’avoir été obligé de s’auto saisir pour émettre son propre avis. Cet avis émis à l’unanimité des présents et représentés, est clairement défavorable à la variante avec digues mais il n’a pas été  pris en compte dans le cadre de l’enquête publique comme le demandait pourtant le CSRPN. La  transparence a quand même des limites. Dans cet avis, le  Conseil Scientifique Régional épingle sévèrement le contenu du dossier d’étude d’impact : des études préalables imprécises, des erreurs, des oublis, des contradictions, des insuffisances dans l’évaluation des impacts qui  seront pourtant irréversibles sur « une falaise unique au monde », etc. Il critique aussi le  manque de sincérité de documents qui osent affirmer que les digues n’auront pas d’impacts en termes d’érosion du littoral alors que c’est l’une des conséquences les plus prévisibles et les plus graves de l’ouvrage sur digues. Le Conseil Scientifique interpelle donc le Préfet « sur un dossier contenant beaucoup de lacunes et d’incertitudes d’un point de vue environnemental »  et conclut en soulignant que le choix de la variante sur digues  « apparaît comme totalement inféodé au court terme ». Le Président de Région est en possession de cet avis depuis presque un an, il a certainement oublié  de le communiquer à son  « comité de suivi ».


jeudi 13 septembre 2012

LES ENJEUX DE LA CONFÉRENCE ENVIRONNEMENTALE

 
C’est aujourd’hui 14 septembre que s’ouvre à Paris  la Conférence Environnementale avec quatorze ministres et 300 participants (ONG, syndicats, entreprises).  Ce premier grand rendez-vous du gouvernement avec l’écologie  est d’autant plus attendu que l’éviction brutale de la 1ère Ministre de l’Ecologie, Nicole Bricq, victime du lobby des pétroliers, les positions pro nucléaire de plusieurs Ministres et le discours du Président de la République axé uniquement sur les vertus supposées de la croissance et du PIB, font peser de sérieux doutes sur la capacité du nouvel exécutif à rompre avec l’ancien modèle économique. L’un des enjeux de la Conférence est la question de la « transition énergétique ». C’est à dire, le passage d’un modèle énergétique reposant sur les ressources fossiles à un modèle où prédominent les énergies renouvelables. Or, sur ce plan, La Réunion est en régression, le taux de pénétration des énergies renouvelables dans la production électrique, y est passé de 47 % en 2000 à 32,5 % en 2009. L’objectif d’autonomie énergétique s’éloigne définitivement, notamment avec l’arrivée de la nouvelle centrale au fuel du Port. Le projet phare du gouvernement précédent, GERRI, n’est plus qu’une coquille vide  et le projet VERT (Véhicules Electriques pour une Réunion Technologique) lancé en grandes pompes le 19 janvier 2010 à Saint-Pierre par Nicolas Sarkozy qui devait à l’origine se traduire par une « première mondiale », la commercialisation massive de véhicules électriques sur notre île en 2012, est un échec.
Un autre enjeu de la Conférence est la mise en place d’une Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB) qui permettrait d’inciter (contraindre ?) les élus locaux à agir en faveur des écosystèmes. Or, le projet de la Nouvelle Route du Littoral, le plus gros chantier jamais envisagé à La Réunion, est aussi celui qui fait peser le plus de menaces sur la biodiversité terrestre et marine. Un moratoire sur l’artificialisation du littoral réunionnais, le plus bétonné de tous les DOM, est indispensable pour préserver ce patrimoine. L’étalement urbain sera aussi au programme, c’est une préoccupation majeure pour la métropole mais vitale pour une petite île comme La Réunion où le tout automobile empêche toute maîtrise de l’aménagement du territoire. La Conférence aura le mérite de montrer que tout se tient, transition énergétique, aménagement du territoire, politique de déplacement, préservation de la biodiversité,  etc.
La question essentielle du financement sera aussi abordée avec la mise en place d’une fiscalité écologique. Nul ne sait encore ce qui sortira de cette Conférence Environnementale mais les atermoiements ne sont plus de mise, elle devra engager la rupture avec le schéma productiviste. La Réunion, dont l’addiction aux hydrocarbures est le résultat d’une politique absurde qui favorise l’importation d’énergies fossiles, tourne  le dos au développement durable. Les élus de tous bords qui jouent depuis des semaines au poker menteur sur la question du prix des carburants, sont-ils préparés à un éventuel retour de la taxe carbone ? Rien n’est moins sûr.

mardi 11 septembre 2012

LA NOUVELLE ROUTE DU LITTORAL SUR LA SELLETTE



                                                 Le 12 juillet 2012 au Sénat

  •  Ce mercredi 12 septembre 2012, un Rédacteur en Chef réunionnais bien connu, titre  son éditorial, « Route du littoral : une sénatrice verts dégomme le projet de Didier Robert ». Il y annonce que le 15 septembre prochain, Aline Archimbaud, sénatrice EELV, posera une question au Ministre délégué au Transport, Frédéric Cuvillier et à Delphine Batho, Ministre de l’Ecologie, dans le but de mettre en cause la fameuse nouvelle route du littoral. Notre éditorialiste, qui ne cache par son ferme soutien au projet contesté, se permet de commenter fielleusement la position de la Sénatrice verte. Ainsi, il trouve très étrange que cette question intervienne  au moment même où Didier Robert refuse de participer à une baisse de la fiscalité sur les carburants : « Faut-il y voir un lien de causalité entre la question orale de Mme Archimbaud et la position du président Robert sur le dossier des carburants ? s’interroge-t-il faussement naïf.
  • Mais s’il lisait les journaux réunionnais, dont le sien, il saurait que cette question a été rédigée et déposée, il y a deux mois, le 12 juillet au Sénat et qu’elle est consultable sur le site de cette Assemblée depuis le 20 juillet. Elle a d’ailleurs déjà fait l’objet de plusieurs articles à La Réunion.
    N’ayant pas peur du ridicule, notre journaliste, dans la grande tradition de la guerre froide, voit derrière  l’initiative de Mme Archimbaud, la main diabolique des communistes, au point de suggérer que sa question aurait été « inspirée pour ne pas dire, dictée par le PCR ». Mais voilà, à trop vouloir prouver, on ne prouve rien.   

 

Avec Marine (en rouge) et Aline au Sénat

Cette question est uniquement le fruit d’un travail commun entre la sénatrice et les écologistes locaux qui combattent ce projet et étaient présents le 12 juillet au Sénat lors du dépôt de la question.
Cet éditorial « gros doigts »  nous apprend cependant quelque chose d’intéressant. Il semble bien refléter l’inquiétude qui gagne actuellement le Conseil Régional, notamment lorsque son « porte voix » écrit : « Mme Archimbaud ouvre une brèche dans laquelle pourrait s’engouffrer le gouvernement. Le Président de la Région UMP va devoir se montrer vigilant ». Effectivement, il y a le feu pour Didier Robert. Il semble de plus en plus improbable que le gouvernement qui, dans son souci d’économies budgétaires  traque le moindre million d’euros, accepte de co-financer la construction d’un petit tronçon de 12 km d’autoroute sur la mer qui coûtera au bas mot entre 2,5 milliards et trois milliards d’euros. Quant à la Ministre de l’Ecologie, on ne voit pas comment elle pourrait justifier un projet aussi mal ficelé et dont les conséquences seraient terriblement destructrices pour la biodiversité terrestre et marine.

samedi 8 septembre 2012

BAS LES PATTES DEVANT PIERRE EMMANUEL NEUROHR !

Depuis le 7 septembre 2012, Pierre Emmanuel Neurohr est le premier détenu climatique de France.  Il a été mis en examen pour avoir  tenté  le 5 septembre,  pour la cinquième fois en trois mois  (voir ici),  sans aucune violence,  en se plaçant simplement sur la piste, d'empêcher un avion de décoller de Roissy afin de  protester  contre  l'usage de  ces machines  responsables d'émissions massives de  CO2 qui contribuent à détruire irrémédiablement le climat de la planète. 
                         Pierre Emmanuel en pleine action à Roissy (Photo du Parti de la Résistance)

Incarcéré à la prison de la Santé,  Pierre-Emmanuel Neurohr passera en procès le 18 septembre, il risque une lourde condamnation à de la prison ferme. Pierre-Emmanuel Neurohr est un prisonnier politique, nous  devons exiger sa libération immédiate !

vendredi 31 août 2012

DÉCHETS : RÉGRESSION AU CONSEIL GÉNÉRAL 


       Daniel Alamelou, l'actuel Vice Président en charge de l'environnement, qui affirmait il y a peu qu'il n'y aurait pas d'incinérateurs

Dix ans plus tard, les mêmes mauvais acteurs  du Conseil Général décident donc de nous rejouer le même sketch éculé. Comme nous l’apprend la presse d’aujourd’hui, ce sont à nouveau deux incinérateurs de déchets ménagers que les conseillers généraux souhaitent imposer aux Réunionnais. Les arguments n’ont pas varié, ni les éléments de langage, ni la tartufferie généralisée qui caractérise cette collectivité. L’incompétence le dispute au cynisme. Ce sont quasiment les mêmes élus qui il y a dix ans justifiaient l’incinération puis en 2006, opérant un virage à 180°, la condamnaient vertueusement et qui aujourd’hui finalement la trouvent  à nouveau épatante ! Ils sont toujours là et répètent comme des perroquets les mêmes discours sirupeux et mensongers que leur soufflent les conseillers marketing des multinationales du secteur : les incinérateurs sont « de nouvelle génération », ils sont inoffensifs pour la santé, ça ne détruira pas le tri sélectif, ça produira de l’énergie, etc.
Si on examine le bilan en dix ans des précédents Plans Déchets du Conseil Général, on s’aperçoit qu’aucun des objectifs fixés n’a été atteint. 84% des déchets continuent à partir en décharge alors que l’objectif 2010 était un taux d’enfouissement de 15 % ! Le taux de valorisation matière et organique est toujours de 16 % alors que l’objectif 2010 était de 43 %, une vingtaine de décharges devaient être réhabilitées, seules trois l’ont été, etc. C’est un échec total !
La méthode des élus qui siègent  au Conseil Général et dans les EPCI est simple : on cause, on raconte tout et son contraire mais surtout on ne fait rien. Du coup, effectivement, on espère que l’opinion lassée et inquiète devant le spectacle des centres d’enfouissements saturés, finira par accepter comme inéluctable la construction de deux incinérateurs. En 2006, nous étions une poignée à créer ACCIDOM, une association citoyenne qui a eu le mérite, avec quelques autres, de susciter un débat qui avait contraint les élus à renoncer publiquement à cette filière mortifère et archaïque. Mais les conseillers généraux n’auront pas su ou plutôt pas voulu saisir l’opportunité de la révision du Plan pour élaborer des solutions innovantes et adaptées à notre insularité. Toute honte bue, ils se renient et reviennent  dix ans en arrière. Mais il n’est pas sûr que les Réunionnais acceptent aussi facilement une telle régression.

jeudi 30 août 2012

CONSEIL GÉNÉRAL : UN 3ÈME PLAN DÉCHETS ?


Nous apprenons (ici) que quinze mois à peine après avoir approuvé une deuxième version de son Plan D’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés (PDEDMA), le Conseil Général s’apprête à lancer une troisième révision. Cela n’a rien d’étonnant.  Nous avions dénoncé dès juin 2011, les ambiguïtés de cette deuxième version dans laquelle on avait simplement remplacé la filière contestée de l’incinération par une filière de tri mécano biologique tout aussi contestable. Et le positionnement de son Vice Président en charge de l’environnement, qui évoquait déjà, mais à mots couverts, un possible recours à la filière d’incinération, laissait planer un sérieux doute sur la fiabilité et la sincérité de cette version.
La comédie du PDEDMA a commencé il y a plus de dix ans (ici). En 2001, lors de l’élaboration du  Plan, 1ère version, les élus du Conseil Général, unanimes, prônaient l’incinération des déchets, filière qui était pourtant partout ailleurs contestée, notamment pour la dangerosité de ses émanations de dioxines cancérigènes. Puis en 2006, sous la pression exercée par les associations environnementales, dont ACCIDOM, ces mêmes élus proclamaient qu’ils renonçaient à l’incinération, revirement qui s’expliquait surtout par l’approche des élections municipales et cantonales. Et en 2008, avec le changement de majorité politique, le Conseil Général s’engageait dans cette révision qui aboutissait il y a un an à un PDEDMA version II dans laquelle la Collectivité renonçait officiellement à l’incinération. Elle prône désormais la filière dite du « tri mécano biologique ». Hélas, cette filière est très coûteuse, elle ne créé pas d’emplois, elle pose le problème de l’écoulement du compost et déresponsabilise les usagers, elle ne règle donc  aucun problème et laisse toujours entrouverte la porte (ici) pour un retour de l’incinération.
Bref, depuis dix ans le Conseil Général de la Réunion semble avoir comme spécialité de copier avec retard les mauvaises « solutions » métropolitaines. Mais aujourd’hui les échéances approchent avec la saturation prochaine des deux centres d’enfouissements et l’Etat, très présent sur ce dossier, continue à exercer une pression constante sur des élus visiblement dépassés par la complexité du problème.
Cette annonce d’une troisième révision était donc inéluctable tant était mauvaise la version numéro II mais elle montre surtout que les élus, en dix ans de mandats ont été incapables de relever les défis environnementaux que pose la gestion des déchets. Les écologistes vont devoir redoubler de vigilance et faire la preuve qu’ils sont capables, eux, d’apporter des solutions alternatives.

mercredi 29 août 2012

DELPHINE OU L’ÉCOLOGIE BATHO


  •       On se souvient que la toute première Ministre de l’écologie du gouvernement Ayrault, Nicole Bricq, à peine nommée, avait été débarquée promptement pour avoir défié le lobby des pétroliers. En effet, elle avait décidé le 13 juin dernier de suspendre la publication de plusieurs  arrêtés autorisant les forages du groupe Shell au large de la Guyane au vu des risques qu’ils faisaient peser sur l’environnement. Elle se proposait aussi de réformer le code minier trop favorable aux pétroliers. Là c’en était trop ! Après une intervention directe des grands patrons du secteur auprès du Premier Ministre, Mme Bricq était congédiée le 21 juin et le lendemain les fameux arrêtés étaient signés. C’est dans ces conditions peu glorieuses que Mme Delphine Batho, apparatchik du PS spécialisée dans les questions de sécurité, est finalement devenue Ministre de l’écologie.
  • Dans une interview à BFMTV en date du 29 août, elle vient, tout à la fois, de déclarer que le nucléaire est une énergie d’avenir, de soutenir l’absurde projet d’aéroport de Notre Dame des Landes et de laisser entrevoir une possible exploitation des gaz de schistes si une technique autre que la fracturation hydraulique est mise au point. A la différence de Nicole Bricq qui avait et des compétences et de solides convictions, il paraît peu probable que Mme Batho se fâche avec les lobbies du pétrole et du nucléaire. D’ailleurs son premier geste de Ministre  fut de nommer comme Directeur de Cabinet, un certain Pierre Cunéo, un haut fonctionnaire discret mais président du directoire de l’Aspen  Institut, une sorte de club de réflexion financé par  des multinationales dont le groupe Total, grand amateur de gaz de schistes (voir ici, l'article que lui a consacré Fabrice Nicolino sur son excellent blog, Planète Sans visa).

lundi 9 juillet 2012

LE SCANDALE DE LA GRANDE CHALOUPE

Les promoteurs de la Nouvelle Route du Littoral ne se rendent pas compte de l'impact négatif de leur présentation de ce projet en images de synthèse, notamment pour la partie concernant la Grande Chaloupe. Ce sera une véritable autoroute située à environ 18 m de haut au dessus de la mer qui va non seulement boucher la vue sur le large (clic-clic), mais qui va  aussi desservir ce site historique, typique ce qu'a pu être La Réunion lontan.  Cette structure imposante va défigurer ce lieu historique unique  et constitue une véritable insulte à la mémoire réunionnaise. Qu'est-ce qui est le plus important ? Satisfaire à nouveau le lobby automobile  ou bien préserver l'identité de ce lieu de mémoire ? La Région a semble-t-il tranché mais les Réunionnais, eux, que veulent-ils ? Pour combattre ce projet c'est ici et ici.

samedi 7 avril 2012

LES ÉCOLOGISTES ET LA QUESTION SOCIALE



Qu’est-ce qui différencie l’approche écologiste de la question sociale de l’approche des autres partis ? Comment le projet d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) envisage-t-il par exemple la question du pouvoir d’achat ?

Le projet politique d’EELV, à la différence des projets des partis productivistes, part du constat des limites physiques de la croissance : nous vivons dans un monde où la croissance infinie est impossible, un monde où la quantité de ressources naturelle disponible est limitée. La crise de 2008 où il y eut une hausse sans précédent des prix des matières premières et des prix agricoles est intimement liée à cette crise des limites physiques de la planète.



Évidemment ces hausses des prix était alimentée par la spéculation mais celle-ci a trouvé sa source dans une anticipation par les spéculateurs de la raréfaction, voire de la rareté des ressources (les combustibles de la croissance) et donc dans une anticipation par ces mêmes spéculateurs des tensions prévisibles entre l’offre et la demande sur le marché.
Si on prend la question alimentaire et la hausse des matières premières agricoles, on constate que la hausse des prix est liée aux phénomènes de stérilisations et d’érosion des terres arables et donc de la diminution de leur surface dans un contexte où la demande mondiale augmente rapidement. Ce raisonnement est aussi valables pour le pétrole mais aussi pour les métaux, cuivre, aluminium, etc.

Or, ce sont les personnes ou familles à revenus modestes qui sont les plus touchées par les hausses des prix. Le % de dépenses pour les ménages à revenus modestes est plus élevé pour le logement, l’alimentation et le transport. Les pauvres sont ainsi victimes d’une double peine : ils souffrent des inégalités sociales et des inégalités environnementales. Voilà pourquoi EELV préconise la décroissance non pas du PIB mais de l’empreinte écologique qui consiste à faire baisser la pression exercée par l’homme sur son environnement (par exemple en réduisant l'impact de la bagnole par une infrastructure moderne et efficace de transport en communs) et en conséquence à permettre aux plus pauvres de desserrer l’étau des « dépenses contraintes ».



LA CONVERSION ÉCOLOGIQUE DE L’ÉCONOMIE
EST LA RÉPONSE À LA QUESTION DE LA JUSTICE SOCIALE

A la question du pouvoir d’achat, la droite n’a qu’une réponse : si vous voulez gagner plus, vous n’avez qu’à travailler plus. La gauche traditionnelle propose, elle, une augmentation des salaires. Par exemple une augmentation immédiate du smic à 1700 euros brut. Dans les deux cas, on raisonne au fond à partir des mêmes présupposés, on répond à la question du pouvoir d’achat par une augmentation des revenus.
Les écologistes raisonnent différemment, non pas qu’ils soient opposés à une augmentation des revenus, mais ils privilégient une action sur la réduction des dépenses contraintes par une politique publique qui doit desserrer l’étau de ces dépenses qui vont inexorablement augmenter et restreignent de plus en plus les autres dépenses, les dépenses arbitrales ou libres.En effet, une simple augmentation des revenus seraient rapidement annulée par la hausse prévisibles des produits pétroliers et des matières premières.



Parmi les dépenses, on distingue les dépenses contraintes (le logement, l’énergie, le transport, l’alimentation) et les dépenses choisies. Parmi les dépenses contraintes, le coût du logement par exemple a augmenté de 25 % ces dernières années et il pèse aujourd'hui beaucoup plus lourdement sur le budget des familles modeste (24 %) que sur celui des familles aisées ( 11 %). Une simple augmentation de salaire n'est donc pas une réponse durable à la question du pouvoir d'achat car une augmentation par exemple de 200 euros, sera rapidement balayée par une hausse des loyers, des carburants et des prix alimentaires.
Or, le vrai problème c’est l’augmentation des dépenses contraintes dans le budget des ménages notamment les plus modestes.

LES SOLUTIONS CUMULÉES PRÉCONISÉES PAR EELV



Logements : EELV préconise la construction massive de logements sociaux (à La Réunion il manque environ 25 000 logements sociaux et il y a 16 000 logements insalubres) afin de faire baisser les tensions sur le marché, l'application de la loi de réquisition sur les logements vides et l'encadrement annuel des loyers en laissant jouer un certain mécanisme de marché. Encadrer, cela signifie qu’on laisse jouer le marché mais on détermine un plafond de hausse de loyer à ne pas dépasser.
EELV préconise aussi la tarification progressive de l’eau, du gaz et de l'électricité. Une tarification progressive pour garantir à toutes et tous l’accès élémentaire à ces biens, favoriser les économies tout en décourageant le gaspillage.
Transport/énergie : une voiture coûte en moyenne 4000 euros/ans, le coût d’usage de l’automobile individuelle est de 23 cts d’euros /km alors qu’il n’est que de 9 cts /km pour le train type TER. Voilà pourquoi il faut investir massivement dans la construction d’un transport en commun sur rail. Cumulé avec la politique du logement évoquée cela permet de donner du pouvoir d’achat réel aux salariés, un gain qui découle d’une politique globale et non d’une simple augmentation des revenus.
La question sociale est donc traitée dans un projet cohérent qui permet de faire décroître l’empreinte écologique de La Réunion. La question du pouvoir d’achat n’est donc pas déconnectée du projet de société.



Sur le plan des revenus. Même si les écologistes questionnent la société de consommation, ils sont parfaitement conscients que de nombreux réunionnais sont dans la grande précarité, soit qu’ils ne vivent que des minima sociaux, soit qu’ils sont des « travailleurs pauvres ». Donc, dans le contexte d’urgence sociale particulièrement prégnant dans notre département, EELV préconise aussi d’agir sur les revenus les plus faibles. Ainsi les minima sociaux seront relevés de + 50 %au cours de la mandature à commencer par l’Allocation aux adultes handicapés.
Et nous favoriseront la mise en place d’une prime salariale pour les travailleurs pauvres : ceux qui gagnent trop pour pouvoir bénéficier de certaines aides mais pas assez pour avoir une vie décente. A La Réunion, 29 000 salariés sont ainsi à temps partiel subi, en dessous du seuil de pauvreté et souhaitent en sortir. Actuellement seules les heures supplémentaires sont sur rémunérées.



EELV préconise aussi la sur rémunération des premières heures travaillées pour tous les salariés à temps partiel subi qui sont sous le mi-temps, ça consiste à sur rémunérer les premières heures et progressivement revenir vers la rémunération moyenne entre 10 et 17 h, à négocier entre partenaires sociaux. L’objectif est de parvenir à ce que même parmi ceux qui ne travaillent qu’à temps partiel subi, personne ne soit en dessous du seuil de pauvreté.
C’est une mesure concrète qui cumulée avec les mesures structurelles évoquées permettra de dégager concrètement du pouvoir d’achat pour les salariés, notamment les plus fragiles.
La réponse n'est donc pas cynique comme la droite mais elle n'est pas non plus "naïve" et purement quantitative comme celle que propose la gauche, elle redonne véritablement du pouvoir d'achat et favorise aussi un "mieux vivre" car inscrite dans un projet global qui conteste le productivisme et lui oppose une autre façon de vivre, d'habiter, de se déplacer, de travailler, etc.

jeudi 5 avril 2012

ANNONCES PRÉSIDENTIELLES : DES RISQUES DE RÉGRESSIONS SOCIALES ET ÉCOLOGIQUES



Le Président de la République vient d’annoncer certaines mesures, notamment sur l’emploi et sur les carburants. Concernant ceux-ci, afin d’en faire baisser le coût, il préconise de changer de lieu d’approvisionnement et donc de déroger aux normes européennes qui spécifient leur teneur en souffre. Or, pour arriver à une baisse significative du prix, il faudrait s’approvisionner en produits pétroliers très éloignés des normes actuellement en vigueur, sous réserve évidemment que l’Europe accepte une telle dérogation. Nos voisins de la zone Océan Indien appliquent ainsi des normes allant de 500 à 5000 ppm contre 10 ppm actuellement pour notre île (ppm = partie par millions, soit actuellement dans notre département une teneur en souffre égale ou inférieure à 10 parties par millions ou l’équivalent de 10 grammes par tonne). L’importation d’un carburant polluant, très éloigné des normes européennes constituerait donc une véritable régression écologique pour La Réunion et aurait des conséquences néfastes sur l’environnement, sur la santé publique et sur le parc automobile lui-même.
Il est parfaitement regrettable de voir certains approuver une mesure aussi nocive pour l'environnement et la santé, c'est ici.





Sur l’emploi, les mesures sont chiffrées et reposent pour l’essentiel sur des suppressions de charges sociales pour l’emploi des jeunes de moins de 26 ans et pour les emplois des secteurs prioritaires dans les zones franches. Or, si on peut admettre l’utilité de l’exonération des charges dans un contexte d’urgence sociale, pour les écologistes, elle doit être impérativement conditionnée à la nature de l’emploi : ce doit être un CDI, si possible à temps plein ou au moins avec un horaire minimal de 30 heures par semaine. Car si cette mesure en vient à favoriser la multiplications des CDD et des emplois à temps partiels subis, elle fabriquera encore plus de travailleurs pauvres, ces salariés qui ne gagnent pas assez pour vivre décemment mais gagnent « trop » pour pouvoir bénéficier de certaines aides sociales. A La Réunion, 29 000 salariés sont actuellement dans ce cas. Bref, si des suppressions totales de charges ne peuvent, par elles mêmes, remplir les carnets de commandes des entreprises, elles peuvent, en revanche, si elles sont accordées sans conditions, aggraver fortement la précarité sociale.

mardi 27 mars 2012

LES ENJEUX ACTUELS


Photo Imazpress
Les dix prochaines années vont être déterminantes pour la planète car la croissance des pays émergents va se poursuivre à un rythme soutenu et, on le sait, les prix de l’énergie vont continuer à flamber du fait même de cette croissance et de la hausse de la demande dans un contexte de raréfaction des ressources et de hausse des coûts d’exploitation. D’autre part, on le sait aussi, la hausse des prix des principales matières premières alimentaires et agricoles est amenée à se poursuivre au cours des dix prochaines années (prévision de la FAO).
C’est donc «la décennie de tous les dangers » pour la planète mais aussi et a fortiori pour La Réunion qui est étroitement dépendante des importations de ressources fossiles et de matières premières. Les crises qui affectent l’économie mondiale se traduisent sur notre île par des convulsions violentes comme on a pu le constater avec les dernières émeutes que personne n’avait vu venir et dont le point de départ fut la réaction de la corporation des transporteurs face à une augmentation du prix des carburants parfaitement prévisible. En revendiquant une baisse de 25 cts et en bloquant les routes, les transporteurs et leurs alliés ont involontairement déclenché un mouvement qui a débouché sur la violence dans les quartiers défavorisés. Les comportements des divers acteurs, transporteurs, certaines associations et élus, montrent leur profonde incompréhension des risques liés à l’état de dépendance de La Réunion, dépendance énergétique (une véritable addiction au pétrole) mais aussi aux transferts publics.
Le mode de développement adopté il y a quelques décennies par La Réunion a, certes, provoqué une hausse du niveau de vie global des Réunionnais, mais il n’a en rien réglé le problème de la très grande précarité d’une large fraction de la population et il produit désormais des effets de plus en plus destructeurs : dissolution des liens sociaux, consumérisme outrancier pour une fraction de la population, accumulation de déchets, pollutions, nuisances, atteintes à la santé, à la biodiversité, gaspillage énergétique, embouteillages récurrents, insécurité, dégradation de la qualité de vie, etc. Les milliards d’euros dépensés au titre des dispositifs de défiscalisation et d’exonération de charges ont eu un impact négligeable sur l’emploi. Ce modèle de développement économique est en faillite mais nul, à La Réunion, ne le remet ouvertement en cause. Notre île est aujourd’hui en état d’addiction généralisée, un phénomène qui affecte les transporteurs, les usagers mais aussi les collectivités qui trouvent dans la fiscalité sur les carburants une manne (230 millions d’euros) nécessaire à leur développement et à leur fonctionnement. Le pétrole coule littéralement dans les veines de la société réunionnaise.
La Réunion est aujourd’hui à la croisée des chemins. Elle atteindra le million d’habitants à l’horizon 2030, elle supporte toujours un chômage massif, près de 30 % de sa population vit des minima sociaux et elle doit aussi se préparer à relever un certain nombre de défis politiques, économiques et environnementaux, majeurs : une réforme annoncée de la PAC, l’échéance en 2014 de l’actuel Règlement sucrier, la menace de réduction probable des aides européennes, l’accentuation des effets de la mondialisation avec la mise en place des Accords de Partenariat Economique, la flambée du cours des matières premières etc. C’est dans ce contexte qu’a éclaté la crise des carburants. Qu’en est-il des grands projets réunionnais ? Quid de « GERRI-Réunion 2030 » initié par l’Etat ? Quid de « La Réunion Île Verte » portée par le patronat local ? Quid du plan « « VERT » (Véhicules Electriques pour une Réunion Technologique) lancé par Nicolas Sarkozy en janvier 2010 ?
Tous ces projets convergents suscitaient un certain nombre d’interrogations sur leur faisabilité et surtout sur leur financement. Ils ont été initiés à une époque où le taux de croissance du PIB de La Réunion tournait autour de 5 % par an et relevaient tous d’une conception économique de type productiviste qui a fait la preuve de son échec. Aujourd’hui la croissance est en berne, des secteurs économiques sont sinistrés et l’Etat s’est engagé dans une politique d’austérité budgétaire qui prive les Régions et les collectivités de marges de manœuvres.
Notre objectif est de bâtir une Réunion écologique, sociale et solidaire. Donc de faire décroître l’empreinte écologique que nous imposons à notre éco système tropical insulaire, ce qui suppose la remise en cause du modèle économique. Faire décroître l’empreinte écologique, c’est faire décroître les inégalités.
C’est par exemple, réduire la pression du tout automobile en construisant un service public de transport en commun sur rail performant. En moyenne, un véhicule coûte 4000 euros par an à son usager. Les experts ont calculé que le coût d’usage de l’automobile individuelle est de 23 cts d’euro par km alors qu’il n’est que de 9 cts pour le TER. Proposer un transport en commun moderne, ponctuel et efficace, c’est contribuer à redonner du pouvoir d’achat à ceux qui sont dépendants de leurs véhicules. C’est pourquoi il faut rappeler que la NRL va au contraire renforcer la pression du tout automobile.
C’est réduire notre dépendance au pétrole mais il faut rappeler que l’autonomie énergétique est un objectif qui à l’heure actuelle s’éloigne avec notamment la nouvelle centrale au fioul du Port et les coups portés à la filière photovoltaïque.
C’est favoriser l’autonomie alimentaire. Mais il faut rappeler que depuis que l’industrie sucrière réunionnaise a été vendue, plus de 70 % des terres arables sont contrôlées par le groupe TEREOS Internacional. Bref, l’écologie suppose des choix en rupture avec ce qui se fait depuis des années.