mardi 28 juin 2011

10 ANS DE COMBATS CONTRE L'INCINÉRATEUR


Débat avec Cyril Hamilcaro en charge en février 2007 du dossier incinérateur dans le sud

2001 : naissance de la contestation de l'incinération, première manif...

Au nom des Verts, Marie Cécile Seigle Vatte et moi-même, nous posons la première pierre de la bataille contre le projet du Conseil Général. Il y a dix ans, nous préconisions déjà la prévention, la réduction à la source, le tri, la méthanisation, la création de recycleries en insistant sur le gisement d'emplois potentiels, etc. A ce jour aucune recyclerie n'a été créée.



Malgré ça, le Conseil Général, le lendemain vote le projet sans opposition




Le 15 décembre 2001, contactés par l'Association du Temple, nous manifestons à Bois Rouge et prenons la parole devant la mairie de Saint André pour dire non au projet d'incinérateur. Pour la première fois les idées écologistes trouvent un écho important au sein de la population.


Ce succès attire quelques arrivistes. Nous condamnons la tentative de récupération politicienne d'une poignée de militants de Parnouminm.


2002-2003 : ça n'avance pas : les élus sont très majoritairement favorables à l'incinération mais rien ne se fait.

L'UFC Que Choisir dit non


La SREPEN se prononce contre

Ibrahim Dindar parlant du plan et des incinérateurs : "les choses avancent lentement mais sûrement". Ils doivent être construits en 2010.


2004 : la CFDT se prononce contre l'incinération


2005 : Gérard Lacroix, ex vert et militant écologiste mène le combat avec UFC Que Choisir et dépose un recours devant le Tribunal Administratif.


2006 : Le PCR se prononce contre l'incinération. Dominique de Villepin Premier Ministre de passage à La Réunion puis Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie, pressent les élus de mettre en place une filière d'incinération des déchets ménagers. Devant le danger, ACCIDOM se crée ainsi que d'autres associations anti incinération...

ACCIDOM est créée le 6 mai 2006. En congé des Verts, je rédige les statuts de l'association et en devient le porte parole, elle est présidée par le Dr Edwards et se revendique indépendante politiquement.




ACCIDOM fait une conférence de presse mais organise aussi des réunions de quartier dans le sud et fait signer une pétition à plusieurs milliers de personnes.


Le Préfet Laurent Cayrel, profitant de l'émotion suscitée par le Chik, tente de forcer le passage pour l'incinération et accuse ACCIDOM de ne pas être suffisamment informé sur la question de l'incinération.

ACCIDOM répond au Préfet et demande la mise en place d'un débat public.


Les élus craquent, ceux de la CIVIS les premiers, virent de bord. Le Préfet, lui, est parti...






En quelques mois, l'opinion a basculé.

Le 4 septembre 2006, lors de la visite du Ministre Baroin, ACCIDOM publie un appel dans la presse pour réclamer à nouveau un débat public :
"M. LE MINISTRE , LA REUNION VEUT UN DEBAT PUBLIC SUR L’INCINERATION"


Finalement, le nouveau Préfet, Pierre Henry Maccioni, accède à la demande d'ACCIDOM et met en place une concertation publique.
le 3 octobre s'ouvre la première séance de l'ILC, Instance Locale de Concertation en présence du Préfet Maccioni. ACCIDOM mais aussi le GAC, la SREPEN, Conscience Créole, Ecologie Réunion, Association contre le Chik, participeront aux débats avec les services de l'Etat et les institutionnels et les collectivités.
ACCIDOM prend note de la venue de deux experts "indépendants" mais réclame la venue de "son" expert. Après tractations la Préfecture acceptera de payer le voyage et le séjour de Pierre Emmanuel Neurhor, fondateur du CNIID, le Centre National d'Information Indépendante sur les Déchets. Elle s'en mordra les doigts, PE Neurhor mettant à mal l'argumentaire des pro incinération.



Toutes les associations sont invitées par le Département à un voyage d'études afin d'étudier les alternatives à l'incinération.


2007 L'incinération est dans les choux. ACCIDOM débat avec Cyril Hamilcaro qui concède un moratoire. ACCIDOM refuse aussi une rencontre "arrangée" devant les médias avec Dominique Voynet, candidate verte à la Présidentielle de 2007, l'indépendance politique de l'association étant un élément essentiel de son action.



La concertation a refroidi les ardeurs du lobby pro incinération mais la "guerre" n'est pas finie, loin de là...



Toute décision est repoussée à 2008. Il y aura des élections et le PDEDMA devra être révisé.


2008, année où la majorité bascule au CG en mars, les élus hostiles à l'incinération deviennent majoritaires, ça tombe bien, le PDEDMA doit être révisé.


ACCIDOM incite les nouveaux élus à prendre leurs responsabilités



L'Etat sent que la filière d'incinération est mal partie....



Le Préfet fait pression sur les élus des diverses collectivités afin qu'un syndicat mixte soit créé au 1er juillet 2008. ACCIDOM continue à faire pression.


En 2009, une nouvelle association anti incinération, l'ARMSE, apparaît, créée par Le Dr Olivier Heye, Vanessa Miranville et le Docteur Bourgeon. Elle se focalise surtout sur les problèmes de santé et préconise à l'époque le tri mécano biologique.


Le 17 décembre 2009, le Comité de Pilotage du CG dévoile le projet de nouveau PDEDMA, il repose sur le scénario dit de "stabilisation" : l'incinération est écartée mais au profit du TMB, le tri mécano biologique qui n'est pas une solution acceptable pour les écologistes. ACCIDOM et Noël Mamère, présent à La Réunion, dénoncent le manque d'imagination et d'audace d'un tel projet.


En 2010, le Préfet rejette le projet de PDEDMA


ACCIDOM réplique

Le 12 décembre KER fait une conférence de presse pour présenter son mémorandum déchets. Il y est dit notamment sur le TMB :

"....De même qu’on ne construit pas un Plan déchets autour de la filière d’incinération des déchets (c’était le cas des précédents PDEDMA), de même, on ne peut construire un Plan déchets simplement sur une stratégie d’évitement de l’incinération car alors on n’a d’autre alternative que l’enfouissement. C’est pourtant ce que font de nombreux Conseils Généraux soucieux de ne pas déplaire aux électeurs hostiles à l’incinération. C’est le cas pour l’actuel projet du Conseil Général de La Réunion. Le Département a choisi en effet un scénario dit de « stabilisation des déchets » par TMB, le tri mécano biologique. Or, le traitement par TMB pose un certain nombre de problèmes.

En effet, le tri mécano biologique ne répond que très partiellement la question « comment se débarrasser d’une grande quantité de déchets » car il n’implique ni les producteurs ni les usagers. Pour les écologistes le TMB est avant tout un « facteur de déresponsabilisation » puisqu’une machine se charge de trier à la place des habitants. D’autre part, ce mode de traitement n’a de sens que s’il y a des débouchés, notamment pour le compost. L’équilibre financier est difficile à trouver « car le prix de vente des composts reste faible et très dépendant du contexte local [1]». D’autre part, le risque de production d’un compost non conforme renchérit la gestion des déchets car il n’y a alors d’autres solutions que l’enfouissement. Le coût du stockage s’ajoute alors au coût du TMB.

Donc le scénario choisi par le Département pose plus de problèmes qu’il n’en résout. Avec un taux actuel de 84 % d’enfouissement (contre 34 % en métropole et entre 1 et 4 % pour les pays d’Europe du Nord), La Réunion peut-elle s’engager dans la construction d’usines de TMB avec le risque d’avoir à enfouir des tonnes de composts non conformes ou refusées par le monde agricole ?

D’autant plus que la Commission Européenne prévoit d’établir de nouvelles normes de qualité sur les composts issus de déchets, évolution qui engendrera inévitablement des surcoûts pour améliorer la performance des installations.

A quoi il faut ajouter la question de l’emploi : est-il pertinent de procéder à la mise en place d’installation de tri mécanique dans une île où le taux de chômage atteint les 30 % ? Nous sommes partisans d’en rester au tri manuel et de favoriser l’emploi.

C’est donc la solution du tri en amont, à la source, qui doit être privilégiée avec la mise en place d’une collecte séparative des biodéchets...."


[1] Voir le rapport du Sénat (septembre 2010)


En 2011, le CG est sous la pression des services de l'Etat, c'est le retour discret de l'incinération.
En janvier la Commission d'enquête dit non au projet de PDEDMA
KER réagit aussitôt lors d'une conférence de presse le 15 janvier, c'est ici.


Le 25 juin, on apprend par la bouche de M. Alamélou, Vice Président du Conseil Général, que le PDEDMA inclura un incinérateur pour les boues et déchets verts.




Le 27 juin, KER réagit aux propos M. Alamélou, c'est ici.

INCINÉRATEUR, LE RETOUR PAR LA PETITE PORTE ?

Le 29 juin prochain, en Assemblée Plénière, le Conseil Général devrait approuver un nouveau Plan d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés (PDEDMA), un Plan qui aura connu bien des vicissitudes depuis qu’il est de la compétence du Département. En effet, il y a à peine dix ans, les Conseillers Généraux étaient encore tous favorables à la construction de deux incinérateurs mais après un long et efficace travail de sensibilisation mené par les associations écologistes anti incinération, de nombreux élus ont revu leur position et à la suite du renversement de majorité en mars 2008, très logiquement la collectivité a élaboré, au grand dam de l’Etat, un nouveau Plan écartant l’option incinération.

Mais en 2010, le Préfet de La Réunion, sur la base d’une lecture biaisée de l’article 46 de la « loi Grenelle 1 », a rejeté le nouveau Plan en contestant l’abandon de la filière d’incinération et lui a reproché entre autre de ne pas donner une réponse claire à la question du traitement des boues des stations d’épuration. Aujourd’hui, Daniel Alamélou nouveau Vice Présidente délégué à l’Environnement, qui vient tout juste de succéder à Eric Fruteau, annonce qu’en accord avec les services de l’Etat, le PDEDMA a été modifié pour inclure la construction d’un incinérateur dont il nous assure qu’il ne servira qu’à l’incinération des boues de stations d’épuration et des déchets verts.

Nous sommes cependant en droit de nous poser la question : après avoir été écarté, l’incinérateur n’est-il pas en train de revenir discrètement par la petite porte ? En effet, l’argumentation de M. Alamélou n’est pas très solide. Il nous dit que « l’essentiel des boues sera utilisé en fertilisation agricole » et que l’incinération en concernera que les « surplus », or, les investissements et les coûts de fonctionnement d’un incinérateur font que cette « solution » n’est rentable que pour les gros gisements de boues issus de grandes stations d’épuration. Donc, la construction d’un incinérateur uniquement pour les boues et les déchets verts « en surplus » ne se justifie pas sauf si on projette sans vraiment le dire, de voir à terme cette installation incinérer aussi des déchets ménagers. L’incinération signifierait d’autre part l’abandon de la méthanisation des boues qui était pourtant une priorité du Plan. Car les boues d’épuration mais aussi les déchets d’élevages et agricoles et déchets industriels traités par méthanisation produisent une énergie renouvelable sous forme de biogaz pouvant être transformé en chaleur, électricité et carburant pour véhicules, ainsi qu'en amendement agricole de grande qualité. La méthanisation des boues est donc une voie pleine d’avenir c’est pourquoi le choix de mettre en place une installation d’incinération des boues constitue un signal très inquiétant.

D’autant plus que le PDEDMA repose pour l’essentiel sur le recours au tri mécano biologique (le TMB) dont nous avons déjà dit qu’il est un facteur de déresponsabilisation puisque c’est une technologie qui n’implique ni les producteurs ni les usagers, une machine se chargeant de trier à la place des usagers.

Tous ces éléments font que le PDEDMA proposé au vote des Conseillers Généraux le 29 juin, en choisissant l’incinération des boues d’épuration fait planer une menace sur les opportunités de production d’énergie renouvelable offertes par leur méthanisation, il ne permet pas non plus, du fait du recours au tri mécano biologique, la mise en place d’une véritable et audacieuse politique de création d’emplois de proximité dans le domaine de la valorisation et du recyclage.


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