dimanche 13 mars 2011

CATASTROPHE NUCLÉAIRE AU JAPON ET DÉSINFORMATION EN FRANCE




La situation du nucléaire au Japon est extrêmement grave puisque le risque d'une fusion des cœurs des réacteurs 1 et 3 de la centrale de Fukushima est désormais reconnu par les autorités et que d’autres réacteurs connaissent des problèmes de refroidissement. Au total près de 215 000 personnes ont été évacuées et si toute les conséquences de ces accidents ne sont pas encore connues cela n’a pas empêché le Ministre de l’Industrie, Eric Besson, de façon un peu indécente dans un tel contexte, de tenter de minimiser la gravité de la situation en niant le risque d’une catastrophe nucléaire. Selon lui, il s’agit seulement d’un « accident » et il faut « dire et redire à nos concitoyens que toutes les centrales ont été conçues en intégrant les risques sismiques et d'inondation ». Le problème, c’est que les centrales nucléaires japonaises, elles aussi, ont été conçues en intégrant ces risques, le Japon est d’ailleurs, le pays le mieux préparé au monde au risque sismique et nucléaire, mais en la matière, on le voit, le risque zéro n’existe pas.
Une fois de plus, les autorités françaises, dans la tradition du mensonge d’Etat du « nuage de Tchernobyl », tentent de minimiser les faits et de désinformer l’opinion publique pour préserver le choix irresponsable de la relance du nucléaire voulu par Nicholas Sarkozy au détriment d’une véritable politique des énergies renouvelables. La menace qui pèse sur le Japon est là pour nous rappeler que la France n’est pas à l’abri, la vallée du Rhône ou se concentrent plusieurs centrales nucléaires est une zone de sismicité. Pour les écologistes, une politique énergétique responsable exige de sortir du nucléaire.

NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET AVALE DES COULEUVRES

Le remaniement ministériel de novembre 2010 avait mis fin aux espoirs nés du Grenelle de l’Environnement en entérinant le déclassement du Ministère de l’Ecologie. La nouvelle ministre n’a plus rang de Ministre d’Etat et elle a hérité d’un Ministère amputé de la Mer et du secteur essentiel de l’Energie désormais transféré au Ministère de l’Industrie, transfert cohérent dès lors que Nicholas Sarkozy a fait le choix de la relance industrielle du nucléaire. Seuls quelques naïfs avaient pu voir dans ce remaniement un « non événement ».




De fait, depuis des mois, Nathalie Kosciusko-Morizet avale nombre de couleuvres. Le décret sur la responsabilité sociale des entreprises a disparu victime des lobbyistes, Eric Besson multiplie les annonces sur l’éolien offshore, le photovoltaïque ou le nucléaire, Christine Lagarde annonce elle-même une conférence nationale sur l’énergie et le gouvernement remet en cause le développement de la filière photovoltaïque mettant NKM en porte à faux auprès des acteurs de la filière.
Mais c’est la tragédie vécue par le Japon victime d’un séisme et d’un terrible tsunami, qui vient hélas de confirmer cette régression de l’écologie dans la politique du gouvernement Fillon et contraint NKM à un véritable numéro de contorsion idéologique. On a ainsi pu voir samedi 12 mars, lors d’une conférence de presse, la Ministre de l’Ecologie servir de caution écologiste à un Eric Besson qui niait obstinément que l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima pût préfigurer un nouveau Tchernobyl. Hélas pour lui, quelques heures plus tard, plusieurs experts américains dont Peter Bradford, ancien directeur de la Commission de surveillance nucléaire américaine, reconnaissent qu’ «on fait face à une situation semblable à celle de Tchernobyl ». Depuis, la Ministre de l’Ecologie en est réduite à passer sur les plateaux de télévision pour tenter de rassurer l’opinion publique et préserver l’illusion qu’une filière au potentiel aussi destructeur a encore un avenir.