samedi 20 décembre 2008

Océan poubelle


Je me permets de reprendre tel quel l'excellent article de Kathy Marks et Daniel Howden paru dans The Independent le 5 février 2008 et repris sur des sites écolos militants.

Une « soupe plastique » de déchets flottant dans l’Océan Pacifique prend de l’ampleur à une vitesse alarmante et couvre maintenant une surface représentant le double de celle des Etats Unis, ont déclaré les scientifiques. Ce vaste amas de débris - en fait la plus grande décharge mondiale - est maintenu en place par les courants marins. Cette « soupe » flottante s’étend à travers le Pacifique nord depuis une distance d’à peu près 500 miles nautiques de la côte Californienne, puis dépasse Hawaii et continue de s’étendre pratiquement jusqu’au Japon. Charles Moore, un océanographe Américain qui a découvert cette « Grande Zone d’Ordures du Pacifique » également nommée « Vortex d’Ordures », estime que près de 100 millions de tonnes de débris flottants circulent dans la région. Marcus Eriksen, l’un des directeurs de recherche de l’Algalita Marine Research Foundation, basée aux Etats Unis, déclarait hier : « Au début, les gens se sont imaginé que c’était une île de déchets plastiques sur laquelle on aurait pratiquement pu marcher. Ce n’est pas tout à fait ça. C’est pratiquement une soupe plastique. Elle s’étend sur une surface dont la taille équivaut peut-être au double de celle du continent des Etats-Unis. » Curtis Ebbesmeyer, un océanographe et une autorité reconnue dans le domaine des épaves, a retracé l’accumulation des plastiques dans la mer depuis plus de 15 ans et compare ce Vortex a une entité vivante : « Cela se déplace, tel un grand animal sans laisse. » « Quand cet animal se rapproche de la terre, comme il le fait sur l’archipel Hawaiien, les résultats sont dramatiques. L’accumulation de déchets se déverse, et vous avez une plage couverte de confettis de plastique », ajoute-t-il. Cette « soupe » est en fait constituée de deux régions reliées, de chaque coté des îles de Hawaii, connues sous le nom de Ceinture de Déchets du Pacifique Ouest et Est. A peu près un cinquième des débris - des ballons de football aux kayaks en passant par des blocs de Lego et des sacs en plastique - est jeté par dessus bord de bateaux ou de plateformes pétrolières. Le reste vient de la terre ferme. Mr Moore, un ancien marin, a traversé la mer de déchets par hasard en 1997, en prenant un raccourci durant une régate allant de Los Angeles à Hawaii. Il avait dirigé son navire dans le « Tourbillon du Pacifique Nord » - un vortex où l’océan circule lentement compte tenu du peu de vent et des systèmes atmosphériques de très haute pression. Les marins l’évitent en général. Il a été atterré de se voir entouré de déchets, jour après jour, à des centaines de miles de la terre. « A chaque fois que je montais sur le pont, je voyais des déchets flotter », dit-il lors d’un entretien. « Comment pouvons nous avoir souillé une telle surface ? Comment est-ce possible que cela ait duré toute une semaine ? » Mr Moore, l’héritier d’une famille dont la fortune provient de l’industrie du pétrole, a par la suite vendu ses actions et est devenu un militant de la cause environnementale. Il a lancé hier un avertissement : à moins que les consommateurs ne diminuent rapidement leur usage de plastiques jetables, la « soupe » pourrait doubler de taille durant la prochaine décennie. Le professeur David Karl, océanographe à l’Université d’Hawaii, déclare que des recherches supplémentaires étaient nécessaires afin d’établir la taille et la nature de cette soupe de plastique, mais qu’il n’y avait « aucune raison de ne pas croire » les résultats auxquels est arrivé Algalita. « Après tout, les déchets plastiques vont quelque part, et il est temps que nous ayons une évaluation complète de la dispersion des plastiques dans l’écosystème marin, et plus spécialement leur comportement et leur impact sur ces écosystèmes. » Le professeur Karl co-ordonne à l’heure actuelle une expédition avec Algalita à la recherche de la ceinture de déchets qui débutera dans le courant de l’année, et pense que cette étendue de déchets a créé de fait un nouveau type d’habitat marin. En temps normal, les déchets qui finissent dans les tourbillons océaniques étaient biodégradés. Mais les plastiques modernes sont tellement résistants que des objets datant d’un demi-siècle ont été trouvés dans la décharge du Pacifique Nord. « Chaque petit morceau de plastique conçu pendant les 50 dernières années ayant atterri dans l’océan est toujours là dedans, quelque part », déclare Tony Andrady, un chimiste du Research Triangle Institute, basé aux Etats Unis. Mr Moore précise que, étant donné que la mer de déchets est translucide et se situe juste sous la surface de l’eau, elle n’est pas détectable sur les photographies prises par des satellites. »Vous pouvez seulement la voir à partir des ponts des bateaux ».
(Ci-ontre, un vortex) D’après le Programme Environnemental des Nations Unies, les débris de plastique causent la mort de plus d’un million d’oiseaux marins chaque année, ainsi que celle de plus de 100.000 mammifères marins. Des seringues, des briquets et des brosses à dents ont été trouvées à l’intérieur des estomacs de mouettes mortes, qui les ont confondu avec de la nourriture. On pense que le plastique constitue à 90% de tous les déchets flottants dans les océans. Le Programme Environnemental des Nations Unies a estimé en 2006 que chaque mile carré de l’océan contient 46.000 morceaux de plastique flottant. Le Dr Eriksen avertit que cette masse d’eau chargée de déchets tourbillonnant lentement constitue également un risque pour la santé humaine. Des centaines de millions de minuscules boulettes de plastiques, ou « granules » - les matières premières de l’industrie plastique - sont perdues ou déversées chaque année, atterrissant au final dans les mers. Ces polluants agissent comme des éponges chimiques attirant des substances crées par l’homme, comme les hydrocarbures et le pesticide DDT. Ensuite, ils entrent dans la chaîne alimentaire. « Ce qui entre dans les océans entre aussi dans ces animaux et donc dans votre assiette. C’est aussi simple que cela », déclare le Dr Eriksen. Voir aussi Paul Goettlich
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1 commentaire:

René Bélanger a dit…

Je ne comprends pas pourquoi nous n'avons pas de photos du phénomème ou de vue sattelite. Si on en parle, on a beau fouillé sur le web et rien. Que des photos dans des eaux locales mais pas de grande surperficie en haute mer. On va sur la lune, on prend des photos de mars mais pas de l'océan poubelle? Ce n'est pas que je ne crois pas au phénomène mais c'est étrange?